L’épouse du grand poète allemand du XIX°siècle Henri Heine était de chez nous !
Cela pourrait ressembler à un conte de Noël, mais c’est bien une histoire vraie !
Le 15 mars 1815 à La Trétoire vient au monde une petite Augustine Crescence, fille naturelle de Brigitte Crescence Mirat, manouvrière au hameau du Vinot, déclarée en mairie par sa grand-mère Françoise Augustine Bouchetal (1762-1821).
Toute petite, elle allait aux champs ... Elle monta à Paris, appelée chez une tante qui vendait des chaussures passage Choiseul au cœur de Paris. C’était une jeune fille fraîche, plantureuse, avec de beaux cheveux noirs, d’humeur enjouée. Son sourire, elle le donnait indifféremment aux clients, aux passants ... C'est en cet automne 1834 qu’Henri Heine qui habitait à côté rue Saint-Augustin l'aperçut pendant une de ses flâneries interminables à travers les boulevards.
Henri Heine (1797-1856), grand poète allemand du XIX° siècle, fut tenté par la politique durant la première partie de sa vie en Allemagne. Son arrivée en France coïncida avec la préoccupation de la poésie. Incessant médiateur entre les cultures française et germanique, il fut une figure du Paris romantique, lié à Gautier, Sand, Berlioz, Nerval. Parmi ses œuvres : Intermezzo, le Livre des chants ou la Loreleï, qui inspira Schuman et Schubert.
Heine fut tout de suite conquis par la jeune vendeuse : « Sa beauté exerça sur Heine un immense empire », écrivait la princesse Della-Rocca, sa nièce; ils se mirent en ménage et le 31 août 1841, ils se marièrent à la mairie.
La vie sentimentale de Heine assez frivole dans ses premières années parisiennes, trouva enfin la sérénité. Les grands yeux bruns de Crescence-Augustine Mirat qu’il appellera désormais Mathilde, allaient l’accompagner dans toute son existence : « Elle était pour moi femme et enfant en même temps ». Elle qui n'avait jamais appris un mot d'allemand ne se donnait même pas la peine de lire les œuvres de Heine en traduction !
Heine fut paralysé à partir de 1848. Mathilde l’assista de son mieux. Dans son testament, on lit les lignes suivantes : « Je laisse le peu que j’ai à ma femme Mathilde Crescence Heine, née Mirat, qui, par sa bonté et sa fidélité, a embelli mes jours ».
En février 1883, Mathilde décède au 50 rue de Passy à Paris. Son cousin germain Joseph Mirat, chapelier à La Ferté-Gaucher, l’assiste.
Son mari était issu d’une prospère famille de négociants, banquiers, régents de la Banque de France. Son oncle Salomon Heine (1767-1844), un des hommes les plus riches de Hambourg et d'Europe, entretint toute sa vie le poète en lui versant une pension qui, après son décès, perdura pour Mathilde. Notre native de La Trétoire était alliée par son mari « le dernier des romantiques », notamment à Cécile Furtado-Heine (1821-1896), bienfaitrice, à Achille Fould (1800-1867), ministre de Napoléon III, mais aussi à Albert 1er de Monaco (1848-1922), petit fils de Florenstan 1er Grimaldi et de Caroline Gibert (1793-1879), aussi briarde, car née à Coulommiers, mais ceci est une toute autre histoire !
Denis SARAZIN-CHARPENTIER, Historien local