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Milieux naturels, faune et flore sauvages à La Trétoire.

Un patrimoine naturel riche à la Trétoire ? Vous voulez rire ! Nous sommes dans la région d’Ile-de-France, la plus peuplée du pays, l’urbanisation y est galopante !

Et pourtant, des découvertes récentes le démontrent, notre patrimoine naturel est loin d’être anodin. Certes, pas de bouquetin ni de flamant rose ici, pas non plus d’Edelweiss ni de Lys de mer, mais d’autres espèces peut-être plus discrètes et moins connues, mais toutes aussi intéressantes.

Paysage à La Trétoire

Une balade depuis la rivière, qui forme la limite nord de la commune, jusqu’au plateau de Rebais nous permet de traverser les principaux milieux naturels ou semi-naturels de la commune.

Au fond de la vallée, la rivière du Petit-Morin n’est pas dénuée d’intérêt puisqu’elle abrite deux espèces de poissons plutôt rares, la Lamproie de Planer et le Chabot, ainsi qu’un mollusque bivalve (c’est à dire avec une coquille en deux parties, à la manière des moules), la Mulette épaisse

L’intérêt biologique du cours d’eau est assez inégal selon les segments, il est plus fort lorsque l’eau un peu plus vive maintient un fond sableux ou caillouteux non colmaté par des particules fines. La qualité de l’eau est globalement plutôt moyenne, mais elle tend à s’améliorer à l'échelle de la vallée en ce qui concerne les rejets domestiques (ceux qui sortent de nos maisons).

Sur les coteaux et en fond de vallée, l’alternance de milieux boisés, de prairies, de haies, de vergers et de chemins aux bas-côtés fleuris, forme une mosaïque accueillante pour l’avifaune, dont certaines espèces sont encore communes mais en net déclin en France. 

Le Bruant jaune, le Chardonneret, le Verdier d’Europe sont par exemple de celles-là. La Pie-grièche écorcheur également, bien que plus rare. Elle est particulièrement emblématique de la vallée du Petit-Morin car liée aux pâtures entourées de haies, un paysage qui s’est fortement raréfié mais subsiste dans la vallée du Petit-Morin. 

Couleuvre d'esculape
Couleuvre d'esculape

La couleuvre d’Esculape, une belle espèce absolument inoffensive et particulièrement placide et le célèbre Sonneur à ventre jaune dont la population a fortement décliné ces dernières années, sont d’autres espèces que nous pouvons rencontrer sur les chemins de la commune. 

D’assez nombreuses prairies de fauches et pâtures subsistent dans la vallée du Petit-Morin. Elles sont situées sur les pentes ainsi qu’en fond de vallée, jusqu’au bord du Petit-Morin. Certaines sont très anciennes, leurs sols ont pu se constituer sur parfois plusieurs siècles et elles peuvent alors parfois abriter une flore très originale, notamment certaines orchidées très rares en Île-de-France.

 Ces prés naturels sont souvent très fleuris et conviennent alors à tout un cortège de papillons dont plusieurs espèces en nette voie de raréfaction en Île-de-France et au-delà. Les prairies de la vallée du Petit-Morin, dont celles de La Trétoire, constituent un des derniers refuges franciliens pour certaines d’entre-elles.

Orchis morio ou orchis bouffon

- L’orchis morio est une de ces orchidées devenues rares en plaine. Comme toutes les orchidées, sa biologie lui impose une étroite association avec des champignons. Elle n’apparaît que dans les prairies anciennes et sa fructification, donc sa reproduction, ne peut fonctionner qu’avec une fauche tardive, à partir de début juillet.

- L’Orchis de mai partage les mêmes caractéristiques, mais il est encore plus rare. Il n’est connu que dans quatre parcelles de la Brie des Morin, dont deux sont situées sur le territoire de La Trétoire.

- La Crépide bisannuelle, une grande composée (ses fleurs jaunes sont organisées comme celle du pissenlit), est nettement plus rare que certaines de ses cousines. Elle peut atteindre 1,5m de hauteur. Elle est indicatrice de prairies de fauche en bon état de conservation, sur des sols non perturbés, riches en biodiversité et favorables aux papillons et autres pollinisateurs.

Cuivré fuligineux (mâle)

- L’Azuré des Anthyllides était commun autrefois, il s’est beaucoup raréfié depuis le milieu du 20ème siècle, et les populations de la vallée du Petit-Morin offrent certainement le meilleur état de conservation à l’échelle de l’Île-de-France.

- Le Cuivré fuligineux est également lié aux prairies fraîches. Lui aussi a vu ses populations fortement décroître et là encore les populations présentes dans la vallée du Petit-Morin sont parmi les mieux conservées d’Ile-de-France.

- On ne présente plus le Cuivré des marais, une des espèces les plus emblématiques de la vallée du Petit-Morin. Lui aussi est présent sur la commune de La Trétoire, quelques œufs et adultes ont pu être observés cette année 2023 sur le territoire de la commune.

Un bon tiers de la commune est boisé, principalement sur le flanc sud de la vallée, le seul qui soit inclus sur ce territoire. Et ces bois sont bien particuliers. On sait qu’ils sont, pour beaucoup, anciens de plusieurs siècles : les pentes parfois fortes et l’exposition plein nord n’ont guère incité nos ancêtres à les défricher. Il sont très humides et abritent de nombreuses sources et ruisseaux.

 L’ancienneté de ces boisements est un élément fondamental : les siècles ont permis aux sols de se structurer lentement, d’atteindre un fort degré de maturité, et ils nous ont légué plusieurs espèces remarquables qu’on ne trouve pas, ou peu, ailleurs en Île-de-France. Voici quelques exemples, tous liées aux milieux forestiers humides et ombragés.

- La Lathrée écailleuse. Une bien étrange plante, dépourvue de vert car elle ne contient pas de chlorophylle. Celle-ci est en effet devenue inutile puisque, pour s’alimenter, la Lathrée parasite des plantes ligneuses comme l’Aulne, la Noisetier ou le Lierre. Elle plante donc des suçoirs dans les racines de la plante qu’elle parasite pour y puiser de la sève. C’est une plante rare en France, et particulièrement en Île-de-France où elle n’est connue que sur le territoire de 4 communes pour l’ensemble de la région. La Trétoire est une de ces quatre communes !

Fleur de l'Anémone sylvie

- L’Isopyre faux pigamon forme des tapis assez denses dans certains sous-bois au printemps, parfois au bord des chemins ombragés. C’est une espèce extrêmement rare en Île-de-France, et la vallée du Petit-Morin, avec celle de l’Essonne, sont les seuls lieux d’Île-de-France où l’espèce est bien représentée. Il faut s’approcher pour le distinguer de l' Anémone sylvie, bien plus commune.

- Le Polystic à aiguillons et le Polystic à soie sont deux belles fougères rares dont l’identification est assez délicate. Elles sont caractérisées par les plus petites divisions des frondes qui sont terminées par des pointes effilées, mais ce critère n’est pas suffisant pour distinguer les deux espèces qui sont présentes dans les forêts de pente de la commune.

La Raiponce en épi

- La Raiponce en épi est elle aussi très rare dans notre région. L’inflorescence est composée de plusieurs fleurs rassemblées en épi. A La Trétoire, on peut la rencontrer assez facilement au bord des chemins forestiers, isolée ou en petits groupes. C’est une cousine des Campanules.

- L’Osmyle à tête fauve. Un drôle d’insecte très discret et difficile à observer, qui ne s’éloigne pas des ruisseaux et ruisselets où la larve se développe. L’espèce est rare dans notre région car elle est liée aux milieux peu perturbés, en particulier aux ruisseaux dont le lit n’a pas été modifié par des interventions humaines.

Le plateau, où les activités agricoles dominent, est moins propice à la diversité biologique. Les grandes cultures constituent des habitats de substitution pour plusieurs espèces d’oiseaux spécialisées. C’est le cas du Busard Saint-Martin, un rapace allié des activités agricoles puisqu’il consomme essentiellement des campagnols et autres micro-mammifères. Malheureusement en déclin, il visite parfois le territoire de la commune mais ne semble pas s’y reproduire.

 L’Alouette des champs, la Perdrix grise, le Bruant proyer sont d’autres espèces considérées comme menacées, elles sont cependant encore présentes en faible effectif sur le territoire. En périphérie des hameaux qui parsèment le plateau, on trouve encore quelques vergers, prairies, mares et haies en bon état de conservation. La Chouette chevêche y a été signalée, ainsi que le Triton crêté, cet amphibien en forme de lézard et aux parures de dragon qui vient se reproduire dans certaines mares.

Beaucoup d'espèces n'ont pas été citées ! Au total, fin 2023, plus de 1200 espèces ont été signalées sur la commune. Ici un tout petit papillon plus discret que rare, Synanthedon formicaeformis.

Alors oui, ces quelques exemples le démontrent, la commune de La Trétoire abrite une flore et une faune sauvage d’un grand intérêt patrimonial, trop peu connues et malheureusement en lent déclin depuis plusieurs décennies. Des politiques publiques comme Natura 2000 ou le Parc Naturel Régional de la Brie des deux Morin sont actuellement mises en place pour parvenir à préserver ce patrimoine sur le long terme.

Espérons leur réussite !

Thierry ROY (texte) et Laurence Beauchamp (photos)

La Trétoire décembre 2023

Pour aller plus loin, visitez le site sur la faune et la flore de la Brie des deux Morin, conçu par les mêmes auteurs:

https://biodiversite-brie-deux-morin.fr/